Dans le ciel, la lune est blanche, le vent se meut comme la mer. Le jour a gardé la nuit dans ses nuages. Quelque chose de tapi. Quelque chose au-delà de la lumière. Quelque chose qui fredonne, qui rend le soleil glacé, qui mélange les couleurs et les sentiments. L’automne est là.
A surprendre soudain. Avec au cœur un peu de sable, une pierre qui s’effrite. Des fragments de soi. Le temps se glisse là, entre présent et passé, dans l’ombre d’une chaise bleue. Le présent meurt tendrement, en goulées de silence.
L’automne est là. L’automne du loin. Celui qui sépare. Les mains levées. Paume lisse sur paume striée, le vide en vitre. Deux mains levées, comme deux rives égarées. Larmes salées. Le silence se referme, les couleurs coulent tout doucement, le soleil dort. Restent les lieux ; aux yeux fermés, la voix ombrée. Les lieux chuchotent, ils prennent l’espace ; une solitude….
…. Ils donnent.
Un sentiment profond, rugueux et chaud, comme un toit de lauze usé qui râpe la mémoire à chaque regard;
Un lien, maladroit, qui court sur des murets ventrus abandonnés au temps;
Un chemin de force et d’amour;
Un secret.
L’automne est là. Comme un chapelet à égrener que l’on garde très fort tout contre soi, pour qu’il ne tombe pas, qu’il ne s’éparpille pas dans le froid de l’hiver ; séparer les grains du temps, dans un glissement de paume, avec l’été au creux des doigts et l’espace autour de soi qui devient une boîte d’enfant où l’on dépose des petits riens, un bout de ficelle ou bien une écorce,… un trésor…une caresse.
Paresse de l’automne, lumière chaulée sur les mains. Tout se rejoint. Sur les portes et les volets fermés, les âmes s’ouvrent. Sur la peau, un frisson.
Le vent est là. On dirait un enfant. Les maisons sont debout. Il passe. Il avance, seul. Personne dans le village. Juste l’automne et le vent. L’enfant. Dans la main il porte un bâton. Dans l’autre, un ballon. Comme un aveugle, il cherche son chemin. Il cogne les portes. Il cogne les volets. Les bancs.
Qu’avons-nous fait ?
Les maisons sont debout. Mais nous ?