Ailleurs, JMG Le Clézio , Entretiens sur France Culture avec Jean Louis Ezine, diffusion Le Seuil, 1997
Le personnage : « C’est quelqu’un de passage ; quelqu’un à qui, justement, on a prêté la vie et qui va pouvoir la rendre. D’ailleurs les personnages de roman (…) sont des personnages éphémères. En même temps on sent bien que celui qui les imagine reçoit d’eux quelque chose qui va au-delà de la vie. «
« Ecrire sans savoir où l’on va, en laissant les choses faire d’elles-mêmes, sans aucun plan - même pour un essai ; écrire en jetant des phrases, en les regardant s’ajouter les unes aux autres et, ensuite, regarder la page, avec tous les blancs que l’écriture a laissés un peu partout- parce qu’une page écrite, c’est plein de blancs, c’est très curieux. Ca c’est bien ; c’est laisser dériver le fil. »
« Les livres que j’aime, ce sont ceux qui me donnent l’impression qu’ils possèdent quelque chose d’un peu magique. Pas seulement les mots, pas seulement l’histoire du livre, mais aussi tout ce qui est entre les lignes, ce que l’on devine et qui fait que, pour celui qui écrit, c’est une aventure totale. Il échange des non-dits, des silences, un regard, quelque chose que l’on fait ensemble, qu’on ne peut faire tout seul. Quand je parlais de voler, c’est un peu à ça que je pensais. Parce que lorsqu’un merveilleux fou monte dans un de ces avions, c’est vrai qu’il ne peut pas le faire tout seul. Il emporte avec lui le regard de ceux qui le suivent. C’est une sorte de rêve en commun. Et quand la littérature atteint ça, c’est fort, c’est vrai, c’est beau. »