En hommage au prix nobel de littérature JMG Le Clézio, ces extraits d’un livre associant photos et textes partagés avec Jemia.
Gens des nuages, Folio n°3284 p. 98 et s :
“Pour les enfants qui jouent autour de lui, JMG n’est qu’un étranger de passage( pas même un touriste, ce mot ici ne signifie rien ). Une sorte de fantôme blanc que la lumière du soleil écorche, que les rafales de vent font tituber.
Et pourtant, grâce à Jemia, il appartient tout de même à ce lieu, à ces gens. Non comme un parent ou un allié – quel soutien peut-il leur procurer, lui qui est entièrement dépendant du monde industriel, avec ses autos et ses avions, ses réserves d’or et son réseau d’ondes hertziennes ? – mais comme une sorte d’
outcast lunaire, même pas un
maalem ( artisan ), même pas un
hartani ( affranchi). Un reflet fragile de ce que l’espèce humaine a de commun avec eux, de commun mais de fugitif, d’inquiétant et de dérisoire. Un signe dans lequel ils peuvent lire l’incertitude du futur.
( ….)
L’âme , ce n’est pas le guerrier armé de sa carabine et montant le chameau ( ou maniant la Kalachnikov à bord d’un tout terrain). C’est cette femme qui garde les lieux, entretient le feu, écarte la terre de ses doigts pour ouvrir le secret de l’eau. ».
« Oum Bouiba tient Jemia enlacée comme si elle retrouvait quelqu’un qu’elle avait perdu, quelqu’un qu’elle avait connu autre fois et qui serait revenu, naturellement, parce que c’était écrit.
C’est cela le vrai retour : quelqu’un qui vous ressemble comme un oncle ou une tante, qu’on ne connaît pas mais qui vous attend dans une vallée au bout du monde. »