( suite du précédent topic )
Ainsi on en arriverait presque à cet absurde où personne ne veut plus croire au Père Noël :
-ni l’auteur qui finit par partir battu dans sa recherche, persuadé qu’il aura toutes les peines à être édité et à ne pas se faire avoir de surcroît (car foisonnent des maisons qui sont plus des prestataires d’impression se rémunérant par ailleurs sur la diffusion ou tout du moins sur l’imaginaire à vendre dépréciant de fait la qualité et l’éthique du métier d’éditeur dans l’esprit des auteurs).
-ni l’éditeur qui finit par ne plus croire à l’émergence d’un nouvel auteur tellement est riche la profusion littéraire dans une société où les lieux de communication et de diversité se perdent …écrire devient un espace où les sans ( 100 ) talents trouvent plus que jamais une expression aussi maladroite soit-elle.
Et aujourd’hui on n’a pas forcément trouvé autre chose que la publication pour extérioriser cette production, car si les lieux de communication se perdent un peu (individualisation de nos rapports, perte du collectif) ces lieux ne sont qu’émergents…ailleurs. On ne lira pas votre lettre au coin de la cheminée entre amis et membres du village venus prendre de vos nouvelles …non vous la publierez sur internet, vous ferez votre blog, vous échangerez vos profils et vos oeuvres …
Ainsi comme un fleuve qui de toute façon prend son cours, là où ne peut se faire le lien, la rencontre ; l’eau coule tout de même et fait son lit…même en dehors des circuits classiques, même s’il le faut sans recherche de gain ou bien comme un contre-pied des
éditions Lapin par exemple qui donnent à la souscription ce que vous avez déjà eu plaisir à découvrir dans un foisonnement incroyable de talents donnés aux yeux de tous sans barrage d’inscriptions ou de prix à payer autre que de se marrer un peu à quelques gags.
De ces expressions à la marge de ce qui existe nécessairement vont naître de nouvelles façons d’éditer, de créer, de publier, d’utiliser autrement l’outil internet que ce que jusqu’à présent il a su être inventé en tant que nouvel instrument de communication. Pas vraiment un fax, pas vraiment un téléphone écrit, plus consistant et insaisissable qu’un livre, permettant des nouveaux jeux de matières, de nouveaux rapports d’intelligence collective…lorsqu’il veut être utilisé à ces fins. Et sûrement encore très loin de ce que ce nouvel outil peut faire naître comme invention de modes de communication et de partage, de mises en liens constructives et innovantes. Comment l’utiliser autrement que ce que l’on connaît déjà ? Comment ne le concevoir et ne le regarder autrement qu’en fonction de nos propres limites et de nos propres contraintes nées de nos propres habitudes ou de ce que jusqu’à présent nous avons appris à vaincre, pour pouvoir imaginer ce que nous ne pouvons pas encore saisir de son utilisation ? Comme un sens qui serait là mais dont on n’aurait pas conscience et qui porterait ses propres perspectives, champs d’exploration et usages inconnus de nous et pourtant là dès que notre intelligence aura su inventer de les comprendre.
Alors pour en revenir au lien, comment se fait-il qu’existe une si forte demande de vouloir écrire et partager, vouloir être publié et tant de rendez vous manqués de tous ces petits éditeurs qui eux cherchent à survivre par des micro-publications au regard de celles des grosses firmes littéraires. Est-ce que chacun pourtant ne cherche pas le même chemin d’authenticité et de sens ? Comment se fait-il que des éditeurs mettent la clé sous la porte lorsqu’il y a tant de matière, tant de richesse ?
Comment aider à la rencontre, comment s’entraider, comment apprendre à mieux se connaître ? Comment mettre en lien le talent ou au moins l’expression qui donne aux autres et celui prêt à la recevoir, la reconnaître, la partager ?
Ne serait-ce que déjà bénéficier d’un annuaire électronique unique de la petite édition au moins francophone classée par thèmes autant que par nom, par lieux géographiques, par spécificités ….afin que chaque auteur puisse faire ses entrées de mots clés en fonction de ce qu’il vient de créer ( genre, thème, forme…) et qu’ainsi il puisse cibler déjà un premier échéancier d’éditeurs comme autant de palettes de couleurs à faire se rapprocher de la sienne.
Là il faut consulter plusieurs sites qui ont essayé des annuaires de ci de là, …comme des listes et des listes. Est ce que cela suffit d’avoir son nom quelque part pour que la rencontre naisse autrement que le hasard d’un clic ou la loi d’un référencement ? Le net fait déjà ses exclusions, a déjà ses majors du référencement …comment exister pour les autres ?
Il ne faut pas négliger la proximité. Se rencontrer à l’occasion de festivals, de conférences, de fêtes littéraires, de rendez vous de la petite édition, permettre aux auteurs d’aller, de découvrir, de rencontrer et ainsi de mieux de se connaître. Mais autrement qu’une rencontre entre professionnels, entre quelques initiés avec cette volonté de partager d’un parcours, d’une ligne, d’un choix, d’une vie engagée, et pas seulement d’exposer un ou deux ouvrages dans un stand mort de tout mouvement comme si un livre devait juste vivre couché dans ces instants là.
Donner aussi à ces occasions la possibilité pour ces auteurs en recherche d’éditeurs de faire connaître leurs écrits, de donner des aperçus de leur création….
Faire connaître tous ces rendez vous innovants qui émergent ça et là mais pas toujours en connaissance de tous.
L’idée du festival de l’auto-édition est un peu là aussi comme un écho. Oui pourquoi ne pas être lu en public, pourquoi ne pas être découvert même sous forme de tapuscrit sur une place où chacun peut venir et aller, saisir l’ouvrage, s’arrêter sur une page, avoir envie de le lire dans son entier, …découvrir son auteur…Pourquoi ne pas pouvoir bénéficier de cet autre regard que l’on n’a pas encore appris et qui permettrait de progresser, de se trouver enfin dans l’expression de son talent enfin accessible à l’autre ?
Qu’est ce que je fais moi même depuis ce site internet pour essayer de créer un mouvement autrement qu’en écrivant en disant il faudrait si, il faudrait ça, pourquoi je ne m’y mets pas hein à la création d’un annuaire, à l’organisation d’un festival ? Pourquoi vous venez lire et jamais écrire, participer, pourquoi l’édition ce ne serait que d’un individu à lui-même s’ il est en auto-édition, ou bien d’un individu à un directeur éditorial, parfois élargi à un comité de lecture alors que tant de personnes vont être intéressées pour lire ? Pourquoi ce ne serait pas d’un individu à tous ceux de ces lecteurs qui aimeraient le trouver et qui lui proposeraient de se faire publier pour que tous puissent avoir accès à ses écrits ?
Et puis comment, comment ?