Marguerite au 100 talents
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 Comment partager , donner au lecteur ?

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sylvie
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sylvie


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MessageSujet: Comment partager , donner au lecteur ?   Comment partager , donner au lecteur ? EmptyDim 08 Juil 2007, 23:53

Pour l’instant je n’ai pas les retours éditeurs sur notre manuscrit par contre des proches qui me sont chers m’ont donné leur avis. Un notamment, m’a dit que je n’écrivais pas assez proche des choses, qu’il fallait que je sois au plus près. Depuis qu’il a prononcé ces mots, j’essaye de les comprendre, je les tourne et retourne…

Il me semble que c’est lié au partage. Lorsque l’on a des choses à dire, lorsque l’on veut s’exprimer, donner son avis, s’adresser à d’autres…c’est le partage qui se pose là à vouloir réussir ce lien d’une expérience qui puisse devenir un apport pour l’autre. Pas seulement que l’autre s’y retrouve en images ou en idées mais aussi y trouve de quoi faire surgir ses propres images, son propre cheminement, son propre positionnement par rapport à ce qui est évoqué, et ainsi trouve lui même à rebondir, avancer…

Lorsque j’ai décidé d’écrire pour ce projet avec Citadelle, je voulais mon écrit comme une résistance à ce qui m’entoure, à une certaine violence à sans arrêt laminer l’intelligence, la parole de l’autre dès qu’elle se veut différente, l’existence dans son identité individuelle hors du chantage ou du communautarisme collectif qui enferment… C’était aussi comme une revendication à ce qu’une écriture et des photos et ainsi une voix et un regard de femmes puissent trouver une expression là où trop souvent seuls les hommes imposent une parole, un angle de vue personnel, publique, civique ou politique…….

Peut-être que dans cette quête, dans cette volonté, je me suis perdue à trop m’abstraire dans mon écrit. Peut être que c’est comme cela que je dois comprendre les paroles de mon ami. J’ai pensé à les observer sous cet angle de compréhension alors que je travaillais pour mon éditeur professionnel (cf carnet de bord ). Là dans cette écriture, j’essaye à partir de mon expérience de terrain de transmettre une connaissance…Ainsi je suis sans arrêt dans le couple action-réflexion (de ce que je fais, de ce que je vis, de ce que je ressens, de ce que je comprends, de ce que je confronte à l’énoncé de la règle, à des sources documentaires, de ce que j’identifie comme un apport, ce que je veux partager, de ce que je transmets …)

Peut être que mon écrit du manuscrit a oublié cet essentiel de lier l’action à la réflexion, c'est-à-dire de redonner sa place au récit, au dialogue, au témoignage, …à la vie. D’insuffler cette texture là, ce lien, ces petites attaches sur lesquelles les yeux du lecteur vont venir s’ancrer et s’encrer en ce qu’elles vont produire chez lui-même une parole, un processus, un dialogue et pas seulement une écoute à sens unique, peut être même une écoute de loin…

Il me semblait intéressant de vous faire partager ces réflexions là qui tournent et retournent en moi. Vous aussi qui voulez écrire, que voulez vous dans cette démarche : dire une parole, livrer un témoignage, vous libérer d’un ressenti, d’une colère, d’une émotion…ne voulez-vous pas aller plus loin et faire ce saut de partager, de donner à l’autre, contemporain ou à venir, cet apport d’un vécu ou d’une expérience, de votre quotidien en ce qu’il est la petite histoire de l’Histoire, forcément liée, nécessairement actrice…Sauvegarder un passé et des savoir-faire, donner un autre angle de vue à une vérité acquise, aider l’autre à ne pas faire les mêmes erreurs….il y a tant de légitimités qui peuvent nous pousser à vouloir pas seulement une parole, un témoignage mais plus une expérience de vie.

Comment y arriver ?

De ma période d’enfance, j’ai gardé ce goût de m’asseoir à même la pierre, sur un seuil de maison, une traverse…Bien plus tard j’ai appris que mon grand père avait la même habitude. Je l’ignorais. Je l’ai à peine connu. Que ce soit dans la maison du côté de mon père ou de ma mère, je me tenais le plus souvent ainsi. Notamment un soir où ma grand-mère torréfiait le café. C’était une entreprise qui me paraissait immense faite de grands sacs en toile de jute, de feux, de récipients en fer…moi je me tenais devant, protégée de cette agitation par le bâtiment, je recevais la chaleur de la pierre, sa texture, les odeurs de la terre qui se chargeait d’humidité et celles des pins, et puis bien sûr celles du café…C’était enivrant, c’était bien plus que cela, un véritable langage qui à fleur de peau m’apprenait les miens, mon village, la fatalité, la séparation, le temps qui passe… tant de choses où je ne trouvais pas les mots mais que pourtant je comprenais…qui m’habitaient.

L’autre jour à l’occasion d’un déplacement professionnel, j’ai pris un bus hors du réseau RATP. Je ne connaissais pas trop l’endroit où je devais me rendre et j’ai demandé au chauffeur s’il pouvait m’aider pour déterminer le bon arrêt. Très rapidement j’ai été étonnée de l’accueil qui me fut fait et par la prise en main de ma préoccupation par l’ensemble des voyageurs qui étaient présents. Un notamment m’a invitée à venir m’asseoir près de lui m’offrant de m’indiquer lorsque j’arrivais à la destination voulue. Une conversation s’est engagée où les passagers m’ont raconté « leur bus », son historique, combien il était intéressant pour eux, l’éthique qu’ils souhaitaient y faire vivre, les valeurs et l’identité qu’il représentait, leur implication au quotidien comme organiser des retours de satisfactions, des suggestions, …le lien entre le bus et la vie de leur quartier… Je repensais alors à mes années de RER de banlieue et de métro parisien…j’étais loin de cet état d’esprit, de cette citoyenneté active, de ces solidarités de quartiers……je constatais que si je trouvais une connaissance sur le quai du RER, la conversation que l’on engageait finissait par se réduire au fur et à mesure que l’on arrivait sur Paris pour s’éteindre le plus souvent dans le métro…comme si avec les quais, les premiers tunnels, l’univers fermé du métro, la parole elle même s’enfermait pour ne plus être qu’intérieure, pour ne trouver à s’évader que par le regard qui fuyait dans la vitre…Parfois je regardais ceux qui m’entouraient, unis dans le même chaos, le même vide, et je me demandais ce qui les traversaient alors comme mots, comme idées, comme images…un peu comme dans ce film ( les ailes du désir je crois ? ) où le personnage a accès aux rêves et aux pensées des voyageurs .

Voilà deux souvenirs évoqués.
Comment faire pour leur donner un sens, pour qu’ils soient apport, partage ? Comment vous l’auriez écrit, qu’est ce que vous auriez ajouté ou retranché qui produise une connaissance plus qu’un simple témoignage, un dialogue plus qu’un sens unique ?

Comment savoir ce que l’on déclenche chez l’autre ?
Est-ce si important de le savoir ?
Une fois écrit et transmis est-ce qu’un texte appartient encore à son auteur puisque l’autre l’a amendé de ses sentiments, de son angle de vue, de sa lecture centrée sur sa préoccupation, sa recherche du moment, sa propre réalité, son propre vécu, que déjà il a rebondi bien loin à partir du moment où le texte était là en partage justement pour provoquer ces ricochets, ces distorsions, comme si la création était sans arrêt ce mouvement de faire et défaire, faire autrement … ou pareillement à d’autres avant soi et dont on redécouvre le cheminement ou l’invention sans seulement le savoir ?
Si le devenir du partage d’une certaine façon va nous échapper, comment par contre le créer, l’initier, le provoquer, comment amener le Poucet lecteur à s’y retrouver ?

Bien évidemment je n’ai pas la réponse, sans quoi je ne me poserai pas toutes ces questions. Vous savez bien que, comme vous, je fais partie de la masse de ceux qui essayent d’écrire et que tout simplement depuis le départ on a choisi de vous faire partager notre expérience et nos recherches, notre parcours …justement comme un témoignage et pourquoi pas une expérience à partager.

Reprenons le souvenir du café, qu’est-ce que je pourrais travailler pour qu’il devienne partage ?
Le fait de torréfier le café :
Si j’étais aujourd’hui comme un tiers témoin de cette scène, peut être que je serai allée interviewer ma grand-mère, lui faire raconter comment elle s’y prend, quelle technique et quels ustensiles elle utilise, surtout peut être que d’elle-même elle aurait raconté son vécu et son émotion, la façon dont elle a appris à faire ces gestes, peut être qu’à l’occasion de cette activité elle aurait en fait parlé de sa place au sein de la famille au sein du village, son rapport aux autres, ses opinions sur la modernité qui arrive, …Peut être que j’aurais découvert à la regarder une façon totalement différente de faire rapporté à son discours officiel parce qu’elle ne veut pas me révéler un secret de fabrication ou bien qu’elle veut taire une pratique personnelle qui n’est pas dans les normes habituelles de pratique ou de tradition et qu’elle ne veut pas être jugée ou ridiculisée sur sa pratique…Peut être que pour elle cette activité n’a aucune importance en terme de savoir faire, que c’est juste une corvée à faire là où en tant que spectateur j’ai voulu voir plein de symboles et d’attraits …
Si j’étais ce tiers témoin qui me retrouvait d’après une photo où j’apparais entrain de tourner le moulin à café ou de porter un peu d’eau…j’allais trouver une réalité totalement étrangère et opposée à mon souvenir où je me revois seule devant la maison entrain de philosopher. Est-ce que je dois aussitôt brider mon souvenir confronté à cette preuve ou bien est-ce que je dois me poser la question mais pourquoi je ne me souviens pas comme ça de cette scène ? Et si en fait en en parlant autour de moi je découvre que ce jour là il y avait un photographe qui voulait faire un livre sur la ruralité et qu’il cherchait à faire un cliché d’une petite fille au travail …et qu’ainsi je me suis retrouvée à jouer les acteurs, n’ayant seulement jamais aidé au travail et étant de surcroît une petite fille de la ville ? Et que je trouve ainsi une distorsion de l’histoire……… comme il peut y avoir des distorsions de l’Histoire. Celle que l’on raconte en version officielle alors que les gens vivent une réalité tellement différente et qu’ils doivent taire parce que la censure est présente, parce que la contrainte est présente …. Parce que c’est mettre en danger sa vie que de révéler la vérité de son quotidien…Combien d’histoires qui ainsi réécrivent l’Histoire dans sa dimension la plus près des réalités et du quotidien, dans son humanité et ses contradictions? Comment un simple témoignage devient tout de suite partage, apport, révolution dans un tel contexte historique de redécouverte d’un passé, d’une vérité alors proclamée….
Si ce tiers témoin me rapporte que ce jour là tout le monde s’accorde à dire que j’étais infernale, que j’avais pleuré et hurlé tout le temps, au point que l’on a du me punir. Pourquoi alors garder ce souvenir d’un instant serein ? Est-ce moi qui le transforme aujourd’hui ou bien est-ce que depuis j’ai dépassé plein de choses qui alors me contrariaient, avec lesquelles je suis en paix au point que je comprenne aujourd’hui combien ce moment était important et empreint de bonheur, combien il m’a apporté…. ? Est-ce qu’en faisant ce récit où je vais partager ces réflexions je vais amener le lecteur à lui-même faire un tel cheminement de son vécu, à ce qu’il en tire comme expérience de cheminement, d’apport ?

Peut être que lorsque l’on écrit il faut faire cet exercice là, d’aller d’un personnage à un autre de son souvenir, de se regarder et se raconter impliqué (dans son souvenir ou la description de son action) autant que d’essayer de se vivre comme un tiers acteur, par le recul, la recherche d’un autre angle de vue ( recherche historique ou technique, retourner sur les lieux …) confronter tout cela, faire sauter des visions, en faire émerger d’autres par des questionnements, trouver un parcours, une évolution, un changement dans les émotions, le vécu… Peut être qu’il ne faut pas seulement livrer la réflexion dans son état brut et abstrait mais la raconter dans son parcours, son récit, sa progression, sa vie …avec ses doutes et ce qu’elle découvre……La raconter à travers des personnages qui vont parler et agir afin de raconter ce récit plus que de développer une idée, celle que l’on avait en tête au moment où l’on s’est lancé dans l’écrit….

Voilà c’est une piste de réflexion que je vous propose, que je découvre moi-même au fur et à mesure que cet article s’est écrit.

Si de votre côté vous avez une expérience à faire partager sur vos écrits, vos pratiques…le forum vous permet de laisser votre message.

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